Kyrielle de patrons en correctionnelle, tribunaux encombrés par les
délits financiers, entreprises sur la sellette dont le cours boursier pique un plongeon. L'opprobre jetée par les «affaires» sur le monde économique dérange le patronat. Une seule solution pour Michel Rouger, président du CDR (Consortium de réalisation) du Crédit Lyonnais et ancien président du tribunal de commerce de Paris: s'en remettre à la vigilance accrue des commissaires aux comptes. Eux seuls ont, en amont, le pouvoir de faire barrage à l'escroquerie, à l'entourloupe au petit porteur, à l'abus de biens sociaux. Une phrase dans un rapport annuel, un discret rendez-vous au tribunal de commerce dont dépend le siège social de l'entreprise, voire chez le procureur de la République quand le patron fait la sourde oreille, et le délit potentiel serait mort dans l'oeuf.
Dans la pratique, le travail du commissaire aux comptes n'est pourtant guère visible. Le petit actionnaire peut lire rituellement à la dernière page du rapport annuel de la société cette phrase immuable: «Nous certifions que les comptes consolidés sont réguliers et sincères et donnent une image fidèle du patrimoine, de la situation financière, ainsi que du résultat de l'ensemble constitué par les entreprises comprises dans la consolidation.»
Moralisation des affaires. Michel Rouger, qui en a pourtant vu des vertes et des pas mûres pendant sa longue présidence du tribunal de commerce, n'a pas peur de donner dans l'angélisme. «Si un commissaire aux