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Libération

Hold-up géant en col blanc au VenezuelaDes fonctionnaires et des politiques ont grugé l'Etat de 25 milliards de francs.

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publié le 6 juillet 1996 à 8h35

Cinq milliards de dollars (25 milliards de francs), c'est la somme

astronomique qu'en moins de deux ans des fonctionnaires vénézuéliens corrompus, associés à des industriels véreux, ont subtilisée dans les caisses de l'Etat. L'affaire, qui n'en est qu'au stade de l'enquête préliminaire, a été révélée jeudi par Emilio Lopez, le député démocrate-chrétien chargé par ses collègues de présider la commission parlementaire désignée pour démêler les écheveaux de ce qui se profile déjà comme le plus juteux hold-up en col blanc de l'histoire vénézuélienne, riche pourtant en fraudes et escroqueries commises depuis trente ans par l'une des classes politiques les plus corrompues du monde.

C'est la mise en place en juin 1994 d'un contrôle des changes ­ pour éviter la fuite des capitaux!!! ­ qui a servi de détonateur. Pour attribuer les dollars, dont la vente et l'achat étaient désormais étroitement contrôlés par l'Etat, le président de la République, Rafael Caldera, crée à ce moment-là un nouvel organisme, l'Office technique de l'administration du change (l'Otac), au pouvoir quasi régalien: l'Otac reçoit les demandes de devises émanant des entreprises qui font commerce avec l'étranger. Et c'est lui qui fixe, ou refuse, le montant des dollars alloués après, en principe, étude minutieuse des dossiers. Les importateurs doivent, en particulier, justifier d'activités identiques dans les mois, voire les années, précédant l'instauration du contrôle des changes. En vingt-deux mois (durée de l'appli