«Nous sommes les crottes de Bic.» La banderole a claqué comme une
injure dans les rues de Cholet (Maine-et-Loire), haut lieu du textile dans l'Ouest. Les salariées de la société Gaston Jaunet, qui dépend du groupe Bic-Guy Laroche, subissent durement la culture du «jetable» chère au groupe Bic: 444 petites mains du prêt-à-porter (la totalité des salariées, de la production aux boutiques) vont être jetées à la rue, après la décision de fermer les deux ateliers vendéens et le siège choletais de Gaston Jaunet, une marque familiale qui fêtait cette année son demi-siècle.
Aucun patron, ni chez Gaston Jaunet ni chez Guy Laroche, ne tient à expliquer directement les motivations de ces coupes délibérées. Tout passe par une société extérieure de communication qui a mandat pour dire que «Gaston Jaunet ne fait travailler que 20 personnes».
Repli. Le reste, l'outil de production Guy Laroche, a, depuis deux ans et spécialement depuis la dernière saison, perdu les licences de production Lolita Lempicka, Thierry Mugler, Christian Linares, Jean-Louis Scherrer. Ces marques ont décidé de ne plus faire fabriquer leur collection en France, où le coût de la main-d'oeuvre est trop cher. Le repli s'est fait vers l'Espagne, l'Italie et la Grande-Bretagne, où les coûts de production sont intermédiaires entre la France et le Maghreb. Les salariés de Gaston Jaunet, qu'on appelle les «Jaunet», ont du mal à accepter la situation, mais le groupe Guy Laroche a essuyé des pertes importantes, jusqu'à 100 milli