L'Espagne cherche désespérément 50 milliards de francs. C'est la
somme dont elle a besoin pour accommoder au critère de la monnaie unique son budget 1997, dont l'ébauche doit être présentée demain en Conseil des ministres.
L'Espagnol de la rue tremble et les syndicats grognent devant le coup de massue promis. Avant-goût amer pour les fumeurs et les buveurs: sans attendre l'année prochaine, le gouvernement de José Maria Aznar installé en mai a eu la main très lourde, hier, en augmentant les impôts spéciaux sur le tabac et l'alcool, rompant ainsi la promesse électorale de réduire la pression fiscale. Les prix augmentent de 16 à 25% selon les produits. Le paquet de blondes américaines passe par exemple de 12,5F à 14,5F. Ce qui a déjà fait perdre à l'État... 650 millions de francs après la chute des actions de Tabacalera, l'entreprise monopolistique de distribution de tabac, dont 52% du capital sont privatisables.
Cette augmentation sans précédent des prix risque en effet de provoquer une baisse des ventes de Tabacalera en faveur du tabac de contrebande, qui représente déjà près de 20% de la consommation de cigarettes blondes étrangères. Malgré tout, le gouvernement compte engranger quelque 4 milliards supplémentaires, et l'association Fumeurs pour la tolérance a réclamé qu'une statue soit érigée à la gloire des fumeurs espagnols pour leur tribut payé à l'objectif de Maastricht.
L'objectif n'est cependant contesté par personne dans ce pays qui a beaucoup gagné, politiquement et éco