Le «paquet» économique du gouvernement turc, dirigé par les
islamistes depuis un mois, tient en un mot: relance. Mais son leitmotiv est l'urgence, ce qui n'est pas forcément compatible... Les analystes sont en effet unanimes à diagnostiquer une crise grave. Les maux en sont connus: lourd déficit public, endettement, baisse de la consommation, déséquilibre de la balance commerciale. Aussi, le cabinet Erbakan-Ciller ambitionne-t-il de faire redémarrer la consommation, tout en jugulant les deux handicaps majeurs de l'économie: l'inflation (80% par an) et le déficit budgétaire (29 milliards de francs pour le premier semestre 1996).
La priorité des priorités est donc de remplir les caisses de l'Etat. Premier volet: la relance des privatisations. Parmi les quelque 300 entreprises publiques en vente, la plus emblématique est le secteur «télécommunications» des PTT turques, pour lequel France Télécom fait partie des éventuels repreneurs. Mais les chicaneries de la Cour constitutionnelle ont déjà repoussé ce dossier. C'est une des difficultés qu'aura à surmonter ce gouvernement: s'affranchir des lourdeurs, voire des blocages des organismes de contrôle. Erbakan envisage d'ailleurs de «court-circuiter» le Parlement en légiférant par décret... Autre frein: les audits des entreprises nationales peuvent prendre des mois.
Il s'agit ensuite de racler les fonds de tiroir, et tout d'abord de faire la chasse aux mauvais contribuables, que l'Etat espère remettre dans le droit chemin en instaurant