A 66 ans, Grady Carter, l'homme qui aimait les Lucky Strike, a fait,
vendredi, trembler Wall Street. Revanche tardive sur une habitude vieille de plus de quatre décennies, cet ancien contrôleur aérien qui n'avait pas lâché ses cigarettes de 1947 à 1991 (date à laquelle son médecin lui annonça un cancer du poumon) a obtenu d'un jury de Floride une décision de nature à troubler le sommeil des fabricants de tabac. Brown & Williamson, propriétaire de la marque Lucky Strike depuis 1994, a été condamné au paiement de dommages et intérêts: 500.000 dollars (2,5 millions de francs) pour l'ancien fumeur (dont le cancer est en voie de rémission) et 250.000 dollars pour son épouse.
Ce dernier rebondissement dans la multiforme et complexe bataille lancée par les avocats antitabac contre l'industrie de la cigarette a frappé de plein fouet une industrie dont le chiffre d'affaires est estimé à plus de 50 milliards de dollars (250 milliards de francs), mais qui est de plus en plus attaquée devant les tribunaux américains. Parallèlement aux procès intentés par des fumeurs ou des anciens fumeurs, un nombre croissant de collectivités publiques (dont plusieurs Etats) et des assureurs tentent d'obtenir des tribunaux le remboursement par les fabricants de cigarettes des dépenses médicales consécutives au traitement des maladies liées au tabac. Et signe, que, vue de Wall Street, cette décision, annoncée vendredi une demi-heure avant la clôture, n'est probablement que le début d'une longue série, le