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Libération

Le chocolat suisse de moins en moins suisseLes industries helvétiques, lourdement taxées par l'UE, envisagent de délocaliser.

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publié le 2 septembre 1996 à 22h53

Le chocolat restera-t-il un des symboles helvétiques par excellence

alors qu'il est sévèrement frappé par les droits de douane européens? Car les choses se gâtent au royaume de la friandise. Nestlé vient de lancer un nouveau chocolat baptisé Nestlé Nescafé Gold, savant mélange de chocolat et de café. Mais voila, afin de protéger ses agriculteurs, l'Union européenne taxe au prix fort les produits agricoles transformés provenant hors de l'espace économique européen. Dario Kuster, directeur de Chocosuisse qui regroupe les producteurs chocolatiers helvétiques, accuse Bruxelles de se livrer au protectionnisme déguisé: «Sous prétexte de neutraliser les politiques agricoles, l'UE nous frappe d'une surtaxe douanière de 5 à 20%.» Du coup, Nestlé envisage sérieusement de produire sa dernière nouveauté dans un pays de l'UE. Les chocolatiers suisses assurent que leurs usines en Suisse, très automatisées, seraient parfaitement compétitives sans «le protectionnisme européen». Kuster prévient: «La situation devient grave. Des produits conçus et développés en Suisse sont fabriqués à l'étranger. A terme, les postes de travail dans l'industrie chocolatière sont menacés.» Ainsi, si l'accord transitoire n'est pas reconduit avec Bruxelles à la fin de cette année, le café soluble produit en Suisse sera frappé d'une taxe d'entrée dans l'UE de 18%. René Schwok, professeur à l'université de Genève, constate: «Le prix de la non-intégration à l'Europe se solde par des délocalisations dans l'industri