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Libération

La nuit où De Benedetti a été viréA l'heure des comptes, le patron d'Olivetti a été lâché par tous ses alliés.

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publié le 5 septembre 1996 à 22h44

Rome de notre correspondant

Cet été, Carlo De Benedetti souriait encore. Les dernières images volées par les paparazzi l'ont montré comme un coq en pâte sur son bateau au large de la Sardaigne. Ou en train de retrouver une nouvelle jeunesse dans les bras de la comtesse Silvia Donà delle Rose, dont on dit qu'il est fou amoureux.

«Carlo» semblait aussi sûr de lui qu'en janvier, après l'augmentation de capital réussie d'Olivetti, quand il déclarait, solennel: «1996 sera l'année de l'équilibre. Si je devais me tromper, je payerai de ma personne. J'accepte la logique du marché britannique ou américain: celui qui ne fait pas de résultat doit être chassé.»

Rien ne laissait penser que le dernier condottiere de l'industrie italienne allait succomber aussitôt, sur fond de tragédie grecque. Poignardé par les siens, abandonné par le capitalisme international, De Benedetti a été la victime désignée de cette logique qu'il a toujours défendue.

Pourtant, il s'est battu jusqu'au bout. Il a été alerté du danger dès le 27 août, quand les investisseurs britanniques, japonais et les gestionnaires de fonds américains, qui détiennent en partie le capital d'Olivetti, se réunissent en grand secret à Londres. Le groupe, en dépit de la restructuration annoncée, reste plongé dans le rouge: 440 milliards de lires (1,3 milliard de francs) de pertes pour le premier semestre 1996. Le quotidien Milano Finanza est le premier à faire état du mécontentement des actionnaires étrangers. Et laisse entendre que Franc