Lyon de notre correspondant
Les «tisseurs à bras de la soierie lyonnaise» déchantent. Ils sont tout au plus une vingtaine, sur l'ensemble de la région. Héritiers des «canuts», révoltés en 1831 pour réclamer «un salaire proportionné à l'état du commerce», ils viennent d'apprendre que l'abattement de 40% concédé à leur travail à domicile est supprimé. Honoré il y a deux mois, lors du G7, comme «témoin du patrimoine» par la visite des épouses de chefs d'Etat, l'un d'entre eux confie avoir l'impression de servir d'exemple expiatoire «destiné à tous ceux qui ne connaissent rien à la profession». Il regrette «de ne plus pouvoir parler au nom d'un syndicat». Leur «privilège» avait été concédé pour rémunérer les frais d'électricité, d'entretien, de fournitures, associés au travail à domicile des derniers détenteurs du «travail à bras».
La nouvelle n'aura aucune incidence économique directe. «C'est triste. La mesure est un coup d'épée dans l'eau, sans effet sur le maintien de cette activité», résume le directeur de la Maison des canuts de Lyon. Depuis belle lurette, tous ces travailleurs à domicile ont intégré les rares entreprises du marché où ils tentent de survivre comme sous-traitants. En huit mois, «tisseurs à bras ou sur métier mécanique» de la région ont vu leur production baisser de 20%, estime René Monnand. Promoteur de Cooptiss, une ultime tentative de maintien d'un dispositif reliant les derniers «pousseurs à bras», il tient ce «coup de grâce» pour «sans réplique». Selon lui