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Libération

L'escale nostalgique du «Norway»L'ex-«France» s'arrête au Havre. L'occasion d'une fête amère.

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publié le 10 septembre 1996 à 22h33

«Je vais fermer ma boutique pour le voir arriver, annonce ce

commerçant, ému. C'est un événement pour la ville!» Des milliers de Havrais sont attendus aujourd'hui sur les digues, la plage et les quais pour l'escale à son ancien port d'attache d'un paquebot érigé au rang de mythe, le Norway, ex-France. Au programme: accueil musical, hymnes nationaux, discours d'une brochette d'officiels, réceptions mondaines et feux d'artifice. Le tout a été concocté par le conseil général de Seine-Maritime, la ville et le port, qui ont versé l'obole de 300 000 F à cette fête de quelques heures qui veut renouer avec la grande tradition de la French Line et ses transatlantiques. Car le retour de l'enfant prodigue n'a pas de prix. Alors fleuron de la technologie française, ce navire de 315 mètres avait été construit dans les chantiers de Saint-Nazaire, il y a trente-cinq ans, pour naviguer entre le Havre et New York sous les couleurs de la compagnie française de la Transatlantique. Jugé trop déficitaire, il avait été désarmé en 1974 et vendu en 1977 à un homme d'affaires saoudien qui le cédera ensuite à l'armement Norvegian Cruise Line. Depuis, il n'était jamais revenu en France.

Prévoyant une escale technique dans un chantier de réparation navale britannique, l'armateur s'est laissé convaincre par le conseil général normand de faire ce détour par Le Havre. Il a ainsi pu remplir son bateau de 2 000 croisiéristes et les politiques havrais vendre l'image du port comme lieu d'escale et de réparation