«On demande cent personnes. Sexe féminin. Pour travail posté en 3 X
8.» Le petit écriteau de papier vert, calligraphié à la main, tient comme il peut sur le grillage qui clôture l'usine mexicaine de Moulinex. A l'écart de Celaya, une grosse cité industrielle à 300 km au nord-ouest de Mexico, l'usine semble pourtant déserte. Les ouvrières s'activent à l'abri d'un immense hangar blanc, bien loin derrière les barbelés.
Le bouche à oreille fonctionne à merveille. Depuis trois jours que Moulinex a affiché ses offres d'emploi laconiques, trente personnes se sont présentées. Venues des fermes alentour, parfois distantes d'une heure de camion, ces femmes de paysans pauvres remontent à pied les deux kilomètres de route cahoteuse qui mènent à la zone industrielle. Moulinex est au bout du chemin, après la fabrique d'huile et Covemex, un conditionneur de légumes frais. Le drapeau français flotte à côté du mexicain depuis que Moulinex a racheté le fabricant local d'électroménager Vistar. L'autel à la Vierge de la Guadalupe a survécu au changement de propriétaire. Maria s'y signera si on l'embauche. «J'espère commencer dès lundi.» Maria sait ce qui l'attend. Il y a peu, elle travaillait dans l'unité de moules de plastique. Un atelier qui tourne vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. «Vous savez, je ne sais pas très bien compter. J'ai pris des cours mais c'est loin. Je travaillais sur deux machines. Les pièces moulées, je les rangeais dans un grand carton. Quand le surve