La privatisation de gré à gré de Thomson ne rapportera pas d'argent
à l'Etat. «Ce n'est pas le but. Le gouvernement aurait choisi la formule de privatisation par appel d'offres si le prix était l'essentiel. Chirac ne se soucie que de la restructuration de la défense française», commente un proche du dossier. Serge Tchuruk, le PDG d'Alcatel-Alsthom, longtemps silencieux, à l'inverse de son rival, Jean-Luc Lagardère, PDG de Matra, a exposé hier les raisons de son intérêt pour le pôle public d'électronique civile et militaire. Le PDG du groupe de télécoms n'a pourtant pas révélé le montant de son offre. Mais il a assuré que «l'opération ne modifiera pas le ratio endettement sur fonds propres d'Alcatel-Alsthom, qui est de 30%». Une information à l'adresse des analystes financiers, très sévères, ces derniers jours, sur le féroce appétit du groupe de télécoms, lui-même en pleine restructuration. Depuis qu'Alcatel a déposé son offre à Bercy lundi, le groupe donné favori voit son titre s'effriter en Bourse.
Or Thomson affiche un bilan nettement moins brillant, puisque l'endettement atteint 25 milliards pour 2,06 milliards de fonds propres. Serge Tchuruk n'entendant pas céder d'actifs de Thomson (ni Sextant dans l'électronique embarquée, ni SGS Thomson dans les semi-conducteurs), il ne reste qu'une solution: l'Etat devra, au préalable, recapitaliser Thomson, voire effacer sa dette, avant de privatiser.
A quelle sauce Thomson sera-t-il mangé si l'Elysée choisit Alcatel d'ici à quelques