Buenos Aires
correspondance Au pouvoir depuis 1989, le président argentin Carlos Menem, a connu jeudi le plus franc rejet de sa politique économique. Près de 100 000 manifestants se sont réunis place de Mai à l'appel des syndicats unis et de toute l'opposition contre le plan de rigueur du gouvernement. La plupart des commerces, écoles, et banques, étaient fermés, les transports paralysés et les manifestations se sont enchaînées jeudi après-midi et vendredi dans toutes les villes du pays. Tout avait pourtant bien commencé avec, en 1991, le plan de convertibilité (basé sur la parité monétaire 1 peso = 1 dollar) qui avait arraché le pays à l'hyperinflation. Les investisseurs avaient afflué, attirés par l'ampleur des privatisations qui rapportaient à l'Etat 26 milliards de pesos (130 millions de francs) mais entraînaient 400 000 suppressions de postes. La stabilité des prix et les possibilités de crédit dopaient la consommation et une forte croissance s'était installée (6,5% en 1994). Mais l'an dernier, la récession causée par la crise mexicaine a fait grimper le chômage à un taux record de 18,6%. En réélisant le Président Menem en mai 1995, les Argentins semblaient croire à sa promesse: la «pulvérisation du chômage». Or, un an et demi plus tard, le nombre de chômeurs n'a pas diminué, et seulement 5% d'entre eux touchent une assurance d'environ 200 pesos (1000 francs). L'importance du travail au noir (4millions d'employés selon le ministère du Travail) et l'augmentation de la pa