L'Afrique doit à ses créanciers quelque 200 milliards de dollars et
aujourd'hui même, à Washington, son moratoire est à nouveau discuté. Malgré les mesures antérieures, les finances africaines restent sous perfusion. Régulièrement, les ministres des Finances des pays africains doivent venir à Paris présenter leurs plans de redressement au «club» constitué de leurs créanciers publics. Le ministre des Finances du pays concerné, sa présentation faite, est ensuite conduit dans une salle (appelée le «frigidaire») où il attend, souvent toute la nuit, le verdict de ses créanciers. Dans quasiment tous les cas, le verdict est le même: la dette est «rééchelonnée», pour trois ans en général, et le cycle reprend.
S'agit-il pour les pays riches de chercher ainsi à récupérer leurs propres créances? Ce serait une démarche dérisoire. La dette n'est en pratique jamais remboursée; rééchelonnement et moratoire sont des termes quasiment identiques d'un point de vue économique, même si d'un point de vue comptable, le «rééchelonnement» permet de maquiller les choses. Ce serait comme rester fictivement propriétaire d'une voiture qui a été volée. Certains arguent pourtant en faveur de ces rééchelonnements au motif qu'ils mettent l'Afrique sur le bon chemin. Grâce à ces renégociations, les pays africains seraient contraints d'adopter des mesures «responsables», qui leur évitent de nouvelles erreurs. Il faudrait donc maintenir cette méthode de gestion courte («the short leash approach» dans le jar