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Libération

Comment Alcatel joue à cache-cashUne note confidentielle décrit le montage envisagé pour se payer Thomson.

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publié le 2 octobre 1996 à 23h38

Le premier groupe français par les pertes (25 milliards de francs en

1995) et le troisième par le chiffre d'affaires (160 milliards) risque d'être totalement méconnaissable à la fin de l'année. Alcatel Alsthom, le groupe des télécoms, est au coeur d'un véritable monopoly industriel, mettant en jeu la privatisation de la filière nucléaire française (opération Framatome) et la rationalisation du complexe militaro-industriel français voulue par le chef de l'Etat (opération Thomson). Dossier piloté de l'Elysée. Le gouvernement a donné le 30 août son feu vert à l'étude de la fusion entre GEC-Alsthom, sa filiale à 50% dans l'énergie et sa filiale à 44% Framatome, le fabricant de chaudières nucléaires contrôlé majoritairement par l'Etat. Le gouvernement doit par ailleurs choisir dans une quinzaine de jours le repreneur de Thomson, le groupe d'électronique civile et militaire, promis à la privatisation. Le temps presse: les problèmes juridiques de brevets et de crédits d'impôts obligent Thomson à changer de main avant la fin de l'année. Deux candidats se sont déclarés, Alcatel et Matra, mais les pouvoirs publics ne font guère mystère de leur préférence pour l'offre du premier. Le dossier est directement piloté par l'Elysée, les ministres de l'Industrie et de la Défense avouent en privé regarder passer les trains. C'est donc à Jacques Chirac qu'a écrit dès le 5 juillet Philippe Rouvillois. Ce grand commis de l'Etat, président de CEA Industrie, le premier actionnaire public de Framat