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Libération

Etats-Unis: le salaire trinque pour l'emploi. Les postes mal payés ont permis d'enrayer le chômage sans réveiller l'inflation.

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publié le 5 octobre 1996 à 23h27

New York de notre correspondant

Dans le hangar à l'Ouest de Harlem, Jerry Tafuro nettoie l'arrière d'un autobus. Ce travail qui date de six mois est, explique-t-il, le résultat d'un malentendu. «Je venais d'être licencié avec 135 autres personnes d'une entreprise où je travaillais depuis trois ans,60 à 70 heures par semaine, pour un très bon salaire (environ 20 dollars ­100 francs ­ de l'heure). Ici, j'étais moitié moins payé mais, en m'embauchant, ils m'avaient promis une augmentation et un meilleur boulot.» L'augmentation n'est jamais venue mais Jerry est resté: sa femme était enceinte et s'il démissionnait, elle se serait retrouvée sans couverture sociale pendant six mois. L'autre semaine, ses chances d'obtenir une augmentation se sont encore réduites. Son syndicat a conclu avec son nouvel employeur ­ la société des transports en commun de New York ­ un accord inédit . «Esclavage». D'un côté l'entreprise renonce à des réductions d'effectifs. De l'autre, le syndicat ferme les yeux sur l'arrivée d'un personnel d'un type nouveau pour le nettoyage du métro et des bus: des femmes bénéficiaires de l'aide sociale (welfare) contraintes, dans le cadre des réformes en cours, d'accepter pour toucher leur chèque un emploi retenu par les autorités locales (workfare). A raison de 26 heures hebdomadaires pour un chèque d'environ 600 francs, ces femmes seront payées tout juste au salaire minimum, soit près de la moitié du salaire actuel de Jerry, avec à la clé la lointaine promesse de q