Le nickel a toujours abreuvé les rêves calédoniens. Bien des
fortunes du pays ont pour origine un camion délabré et la ténacité de ceux qui furent élevés au rang de pionniers. A la fin des années 60, ce minerai que l'on surnomme le «vieux Nick» devient un élément indispensable à la fabrication des aciers inoxydables que réclament les industries de pointe. Les prix s'enflamment et la France classe le minerai de nickel dont 20% des ressources mondiales se trouvent dans le sous-sol calédonien parmi ses matières premières stratégiques. C'est l'avènement du «roi Nick». Monopole. Les indépendantistes, qui ne le sont pas encore, s'irritent de la puissance de la Société Le Nickel (SLN), seule société qui se consacre à la métallurgie. Quand vient le temps des revendications, ils réclament les terres mais surtout ce qu'elles recèlent, avec le sentiment que le peuple kanak a été, trop longtemps, dépouillé de ses biens.
En 1988, les accords de Matignon sont signés sous le signe du nickel. Jacques Lafleur, leader de la droite locale, «donne» sa société minière, la SMSP, aux indépendantistes qui entrent dans le cercle fermé de ce que l'on appelle, pour les différencier de la SLN, les «petits mineurs». Ils exportent du minerai brut sur le Japon et les Etats-Unis, ou bien sont les tâcherons de la SLN. Les années d'euphorie sont oubliées, les cours du nickel connaissent souvent le creux de la vague, et les petits mineurs ne sont qu'une poignée à avoir survécu.
A deux ans de l'expiration d