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Libération

SPECIAL USA. A Detroit, l'automobile à l'assaut du ghetto . Aidées financièrement des entreprises s'implantent et embauchent dans un quartier sinistré.

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publié le 5 novembre 1996 à 2h03

C'est l'un des quartiers les plus anciens et aujourd'hui l'un des

plus ravagés de Detroit. La moitié des maisons sont abandonnées et les autres semblent prêtes à s'effondrer à chaque instant sur leurs occupants. Au milieu de cette succession d'entrepôts désertés et de terrains en friches, le principal commerce nocturne reste le trafic de drogue. Et c'est pourtant là, dans une ancienne usine de Cadillac longtemps abandonnée, qu'une quarantaine d'ouvriers - noirs dans leur grande majorité - assemblent des amortisseurs destinés à trois usines de General Motors. La plupart des employés habitent le quartier et vivaient auparavant du Welfare (aide sociale) ou de petits boulots intermittents. Ils sont particulièrement fiers de leur nouveau travail. «La prochaine fois que vous serez au volant d'une Cadillac et que vous tomberez sur un nid-de-poule sans faire de bonds, ce sera grâce à nous», triomphe Barbara Butler, chargée du contrôle qualité au bout de la chaîne.

Patron, star du basket. Pour tous les ouvriers, la rémunération de départ - 8 dollars de l'heure (40,8 francs)- est pratiquement le double du salaire minimum. Surtout, fait rare dans les PME, tous les salariés bénéficient ici d'une couverture santé. «Bien sûr, les types dans la rue juste à côté gagnent beaucoup plus d'argent que nous, remarque le contremaître, Dave Goodson. Mais les gens ici ont des familles et cherchent un travail honnête. Et puis, quand tu deales dans la rue tu n'es pas couvert en cas de dépenses médicale