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Libération

Thomson Multimédia le feuilleton d'une repriseA Angers, les Thomson ne se résignent pas Plus d'un millier de salariés ont manifesté hier contre la mainmise de Daewoo.

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publié le 7 novembre 1996 à 1h57

Angers envoyé spécial

Les Coréens sont déjà là! Mouillés comme les autres par un fin crachin, une équipe de la télévision sud-coréenne KBS interroge les salariés de Thomson sur leur sentiment face à un changement de patron et un passage au privé. La moustache grisonnante et le zézaiement jovial, «Zézé» explique calmement les acquis sociaux, treizième mois, congés payés, ancienneté, et précise aussi qu'il n'a rien contre les Coréens; au contraire, son credo c'est «travailleurs de tous les pays, unissez-vous». L'équipe télé, qui ne tourne plus, n'a pas l'air de comprendre.

Une grosse pièce de 1 franc en carton argenté est portée sur un brancard au devant du cortège d'un millier de salariés, dont pas mal de cadres, et 160 salariés des sites de Rennes, Cholet et Brest. Une pancarte en breton sous-titré réclame un travail en Bretagne. «Au-delà de l'humiliation du franc symbolique, le vrai déclencheur de l'opposition des cadres a été la déclaration de Juppé annonçant que Thomson Multimedia ne valait rien», confie un responsable de production d'une unité de plasturgie du site angevin. «Pourquoi on nous traite comme ça? On n'a pas démérité. Les télés, on les fabrique partout pareil, nous, on ne fait pas moins bien qu'ailleurs, parfois même un peu mieux. Fallait nous le dire que ça valait rien, on n'aurait pas passé des jours et des nuits, des week-ends à venir travailler.» Les slogans des ouvrières font écho à l'amertume du cadre: «Daewoo, on s'en fout, la Thomson, elle est à nous!» A