L'euro est voulu par deux groupes de supporters que tout oppose, et
qui ne doivent leur alliance qu'aux circonstances qui l'ont vu naître. Le premier groupe est constitué de ceux pour lesquels l'Union économique et monétaire (UEM) est la continuation du Système monétaire européen (SME) par d'autres moyens.
Celui-ci avait joué un rôle considérable dans l'exercice d'une discipline monétaire auxquels nombre de pays y ayant adhéré étaient auparavant réfractaires. L'Angleterre de Mrs.Thatcher, l'Italie et la France y avaient notamment recouru, avec des succès divers. C'est ce rôle que l'UEM pourrait reprendre. L'autre école recrute ses partisans dans le clan des «industrialistes» dont la préoccupation majeure porte sur les questions de change et de compétitivité. Pour cette école, l'euro est le moyen d'éviter les dévaluations compétitives. Dans la mesure où aucun accord négocié de change ne semble devoir rester longtemps crédible, du fait notamment de la mobilité des capitaux, il devient essentiel de forger une nouvelle monnaie européenne au sein de laquelle les parités sont fixées irréversiblement. Ignorant leurs différences, ces deux écoles ont joint leurs efforts à la promotion de l'euro. Le débat suscité récemment par l'adhésion de la lire italienne à la monnaie unique, dès ses premiers jours, a toutefois crûment mis en lumière le mur qui les sépare. Pour les monétaristes en effet, l'adhésion précipitée de la lire à l'euro serait une catastrophe: ce serait faire entrer l