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Libération

La prime qui tue les veaux

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publié le 19 novembre 1996 à 1h19

Dix mille veaux allemands de moins de 20 jours sont expédiés chaque

semaine en France pour y être exterminés, s'insurge l'Association allemande des opposants à l'expérimentation animale. Les animaux, abattus dès qu'ils posent le jarret sur le territoire national, sont tout simplement victimes d'une subvention européenne, la prime «Hérode», surnommée ainsi dans le milieu agricole par référence au massacre des Innocents ordonné par le roi Hérode le Grand il y a près de deux mille ans.

D'un montant de 780 francs par animal remis à l'abattoir, elle relève d'une réglementation édictée par Bruxelles en 1992 pour réguler le marché de la viande bovine en retirant de la vente plusieurs milliers de tonnes de viande. Le bénéfice de l'octroi ou non des fonds européens pour les éleveurs locaux est laissé à l'appréciation de chacun des ministres de l'Agriculture de l'Union. Or, depuis la mi-octobre, la France, confrontée aux contrecoups de l'épidémie de vache folle, a décidé de réactiver le paiement de cette prime après le Portugal et le Royaume-Uni (les éleveurs nationaux bénéficiaient auparavant largement des facilités accordées à la Grande-Bretagne en exportant massivement leurs veaux vers les abattoirs britanniques).

Le ministre allemand de l'Agriculture, Jochen Borchert, s'y est, pour sa part, toujours déclaré hostile. Mais un certain nombre de petits malins, négociants français en majorité, ont immédiatement vu le parti financier qu'ils pouvaient tirer de la manne européenne. «Tout p