Aquelques kilomètres de Caen, sur leport d'Ouistreham, la gare
maritime de la compagnie Brittany Ferries affiche la désolation. En temps ordinaire, 300 véhicules transitent chaque jour sur les trois rotations qui relie le port français à Portsmouth, en Grande-Bretagne. Aujourd'hui, seule une soixantaine de véhicules s'apprête à embarquer. «Nous avons perdu 80% du trafic», affirme le directeur de la compagnie, Michel Meriadec, qui évalue le préjudice à des dizaines de millions de centimes par jour. La Basse Normandie, qui regroupe près de 700 entreprises de transport, assiste à l'encerclement progressif de sa capitale par des files de 600 poids lourds, immobilisés en barrages filtrants.
«On a des difficultés mais on travaille», constate la direction du plus gros centre industriel de la région, Renault véhicules industriels, (RVI), implanté à Blainville-sur-Orne, près de Caen. Le site de 3 200 salariés produit 70 véhicules par jour et des composants. Un comité d'entreprise, réuni hier, a décidé de la poursuite du travail: les 160 gros porteurs qui entrent et sortent quotidiennement de l'usine parviennent encore à contourner les barrages par de petites routes de campagne. «Tant qu'on a des pièces, on continue à produire», dit-on également à l'usine Citroën de Caen Cormelles (plus de 2 000 salariés). Mais certaines des références, habituellement réceptionnées chaque jour, commencent à manquer: on y suit la situation heure par heure et on n'exclut pas le recours au chômage techniq