Dans la panoplie des mesures proposées pour réduire le chômage, la
réduction du temps de travail (RTT) occupe en France une place à part. Ses partisans la considèrent comme une alternative à une croissance qui ne «créerait plus d'emplois», ses adversaires comme une réponse malthusienne au problème du chômage. Le débat s'est apaisé avec la prise de conscience qu'il faudra bien, pour résoudre le chômage de masse, à la fois combiner la croissance et l'augmentation de son «contenu en emplois». L'analyse économique a depuis longtemps dégagé les conditions pour qu'une réduction de la durée du travail crée des emplois: le coût pour les entreprises ne doit pas augmenter; la réduction doit être suffisamment forte pour permettre une réorganisation du travail qui augmente l'utilisation des équipements; sa mise en oeuvre doit être décentralisée pour s'adapter à la situation de chaque entreprise. Si l'on ajoute, dans un contexte où le pouvoir d'achat du salaire croît faiblement, la nécessité d'une certaine compensation salariale, on aboutit à la conclusion que sans incitation publique, les deux conditions contradictoires du maintien du salaire mensuel et de la non augmentation des coûts de l'entreprise conduiront inévitablement au statu quo. Mais, puisque la réduction du temps de travail entraîne une réduction du chômage, et donc des économies budgétaires, il est cohérent que l'Etat redistribue ces gains aux agents privés sous la forme d'allègements de charges sociales. C'est dans cette