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Libération

Derniers feux sur le barrage de RungisVendredi, le départ des premiers grévistes a tourné à la bagarre.

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publié le 30 novembre 1996 à 0h44

Le camion «Roblon» a donné le signal de départ. La nuit est déchirée

par les phares, les moteurs font un vacarme épouvantable. Pieds au plancher, visages crispés au volant de leurs 40 tonnes, les routiers contournent les obstacles; les remorques écrasent des palettes, bondissent sur les trottoirs. En quelques minutes, une quinzaine de camions s'engouffrent sur l'autoroute A86, direction Créteil. Autour du brasero ne restent que quelques hommes, hébétés par la bagarre qui vient d'éclater, les coups de poings échangés. Il est 1h30 du matin. Dans la nuit de jeudi à vendredi, le barrage de Rungis, devant la plate-forme de fret de la Sogaris vient de se rompre, violemment. Une bonne partie des routiers a décidé de mettre un terme à la grève mais ils ne font pas l'unanimité.

Fatigue.Toute la journée, la tension est montée. Jeudi matin, il y a eu un premier accrochage avec Aristedes, un routier portugais bloqué qui ne cesse de réclamer son départ. Puis les patrons des routiers immobilisés ont téléphoné ou se sont déplacés sur le barrage. Ils racontent qu'ils sont convoqués au tribunal de Créteil, que l'entrepôt de Danone a porté plainte, qu'ils vont payer des amendes. L'annonce d'un possible décret pour le paiement des heures travaillées finit par convaincre les plus réticents. Et puis il y a la fatigue accumulée, les heures passées dans le froid et la pluie, les bouteilles éclusées, les rumeurs. Les NMPP se mettraient en grève (les messageries parisiennes possèdent un gros centre à