«Le Crédit Lyonnais est la risée du monde bancaire latino
américain.» Ainsi les milieux financiers commentent-ils la vente de 17% du Banco Provincial, première banque du Venezuela, à l'espagnol Banco Bilbao Vizcaya. Le Lyonnais, actionnaire depuis vingt ans du Banco Provincial, a offert «l'affaire de l'année» à son homologue espagnol.
Alors que l'action du Banco Provincial se négocie 1 180 bolivares (13 francs) à la Bourse de Caracas, le Lyonnais a bradé son paquet d'actions 800 bolivares l'unité (9 francs), soit 30% en dessous du marché. Au total, la banque française enregistrera une perte sèche supérieure à 200 millions de francs. Un joli pactole que le Banco Bilbao Vizcaya utilisera sans doute pour augmenter sa participation au-delà de 17%.
«Le Crédit Lyonnais semble avoir le feu aux fesses, analyse un dirigeant du Provincial. Il doit, nous dit-on, se défaire dans les trois ans de 35% de ses avoirs à l'étranger (une condition du feu vert de la Commission européenne au deuxième plan de sauvetage, ndlr). Mais il donne au Venezuela l'impression d'une précipitation à laquelle les banquiers ne sont pas habitués. Cette capitulation en rase campagne a quelque chose de pathétique: le Lyonnais avait participé à la construction de la structure bancaire vénézuélienne, c'est lui qui avait fondé le Provincial. Une partie de la culture bancaire de notre pays était française; ce départ, en forme de défaite, risque de laisser des cicatrices dans les rapports commerciaux franco-vénézuéliens"