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Libération

Dix ans de clochemerle en pays roannais : Un imbroglio foncier oppose quatre agriculteurs,un comte et la Safer de la Loire.

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publié le 24 décembre 1996 à 2h34

Arcon (Loire) envoyé spécial

Pierre Defond s'arrête soudain en pleine forêt. Béret enfoncé jusqu'aux oreilles, le maire d'Arcon (Loire) farfouille sous les feuilles mortes, déplace un gros caillou et découvre un rocher peint en blanc d'un côté, en rouge de l'autre. «Côté blanc, c'est chez le comte; côté rouge, c'est chez moi, lance-t-il en désignant les taillis montagneux qui culminent à 1 100 mètres d'altitude. Curieusement, la lettre anonyme que j'ai reçue dit que le loup guette dans les bois et que le blanc gagne toujours.»

A défaut de loup, les monts de la Madeleine environnants hébergent un corbeau qui menace des pires catastrophes une poignée de villageois désireux de conserver quelques arpents de broussailles au milieu des 200 hectares de forêts appartenant au comte Dominique Duclaux de L'Estoille, un banquier parisien originaire de la région. Deux d'entre eux ont récemment reçu des appels téléphoniques leur enjoignant de céder les terres. «Si vous refusez de vendre, votre maison brûlera», a entendu Marc Forge, jeune agriculteur de la commune, en décrochant son téléphone dans la nuit. Plainte est à chaque fois déposée en gendarmerie, mais l'oiseau vole toujours.

Myriades de parcelles. Depuis dix ans, la bourgade d'Arcon (135 habitants) est en prise à un inextricable imbroglio foncier opposant quatre agriculteurs à De l'Estoille et à la société d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer) de la Loire. Entre prairies du Charolais au nord-est et propriétés viticol