New York
de notre correspondant Une publicité pour des fonds de retraite, parue il y a quelques mois sur huit pages du Wall Street Journal. «Vous savez, ces 76 millions de bébés nés entre 1946 et 1964?», interroge la première page, face à la photo d'un bébé joufflu. Page suivante, nouveau gros plan: un homme ridé, la mine soucieuse. Légende: «Eh bien , figurez-vous que ce ne sont plus des bébés du tout.»
Un demi-siècle plus tard, ces babyboomers ont généré un formidable boom boursier. Hier soir, l'indice Dow Jones battait un nouveau record à mi-séance (6 582,82 points). En 1996, la Bourse de New York aura progressé de 29% et de 70% en deux ans seulement! La conviction, largement répandue parmi les épargnants américains, est que ce mouvement enclenché est fondamentalement vertueux. Résumé de mécanique boursière: l'essentiel du carburant provient ici des mutual funds en très forte croissance, où les Américains investissent pour leurs dépenses futures l'université de leurs enfants, par exemple et, surtout, l'âge aidant, pour leur retraite. Entre janvier et novembre 1996, 208 milliards de dollars ont ainsi pris le chemin de la Bourse en provenance de ces fonds spécialisés en actions. Du jamais vu: le précédent record (en1993) était de 130 milliards. Plus l'argent coule à flots, plus la Bourse américaine s'envole.
Le phénomène s'est certes un peu tassé en fin d'année, mais il a donné raison aux plus euphoriques. Début 1996, la majorité des analystes tablait sur un flux d'argen