Une grande première dans cette usine d'Akaï Electric France qui a
fait si longtemps la fierté de la ville de Honfleur, dans le Calvados: les salariés ont manifesté. Ils ont tous franchi les grilles de l'usine, ouvrières de lignes, techniciens de maintenance et cadres, pour défiler hier après-midi dans les rues pavées de la ville, être reçus par le maire, puis se retrouver sur le pont de Normandie. Le blocage bancaire des salaires de décembre des 312 salariés, résultant de dissensions opposant les repreneurs de l'usine, a eu raison d'une longue tradition d'attente silencieuse, ponctuée de rumeurs de dépôt de bilan. «On n'en voit pas le bout et on commence à être rodées.» Nathalie Mazure, agent de production et déléguée CGT, a vu passer deux plans sociaux en deux ans. Au premier, 130 salariés ont été licenciés. Au second, en mai, 174. L'usine, fleuron de la haute technologie japonaise implantée en 1982 sur les hauteurs de Honfleur, subit, selon la direction, les effets de la concurrence des produits venant du Sud-Est asiatique, des taxes douanières trop élevées sur les pièces importées et du coût de la main-d'oeuvre. La production de certains magnétoscopes et téléviseurs est alors délocalisée en Malaisie, Thaïlande et Grande-Bretagne. L'usine est rachetée: le taïwanais Omin-Présent est l'actuel propriétaire du site honfleurais Akaï Electric France, et Semi-Tech (Toronto et Hong-kong) serait le propriétaire de la marque Akaï. Ce dernier s'engage alors à commander 300 000 magné