«Les commandes de Rafale resteront bloquées si vous vous opposez à
la fusion.» C'est en ces termes que, le 18 février 1996, le président de la République a expliqué à Serge Dassault que le rapprochement Dassault-Aérospatiale était inéluctable. Mais en échange, Jacques Chirac a renouvelé toute son affection «à cet ami de toujours» et promis de défendre les intérêts patrimoniaux de la famille. Chose promise, chose due: avec les Dassault, Chirac n'a qu'une parole. Alors que le processus de fusion des deux groupes aéronautiques est en marche, l'Etat et Dassault sont sur le point de conclure un accord géant pour une commande ferme de 48 avions de combat Rafale. Serge Dassault n'attendait que cela pour lancer sa merveille technologique sur les marchés. Mais surtout, à 350 millions de francs l'appareil (entre 300 et 400 millions de francs selon les experts aéronautiques), cette première commande de Rafale de l'Armée française tombe à pic. Elle permettra très certainement d'accroître la valeur de Dassault avant sa prochaine fusion avec Aérospatiale et d'augmenter du même coup la part de la famille dans le nouvel ensemble. Bataille de chiffres. Et même si les responsables du ministère de la Défense affirment que cette commande est déjà prise en compte dans la valorisation de Dassault (puisqu'elle figure dans la loi de programmation militaire mais pas comme une commande ferme), l'imminence de ce contrat revêt aujourd'hui une importance particulière. Actuellement, la cuisine des banque