«Attention, il y aura une coupure d'électricité à 20h, ne paniquez
pas...». Le message lancé par la sono rebondit sur la voûte à colonnades du hall du Crédit Foncier de France (CFF), rue des Capucines à Paris. Par téléphone, on prévient les familles, on organise à la va-vite les tours de garde. Hier soir, un gros tiers des 3.300 salariés du CFF s'apprêtait à passer la nuit autour de Jérôme Meyssonnier. Le gouverneur de l'établissement financier, tenu séquestré depuis le milieu de la matinée, a obtenu la permission de s'isoler pour téléphoner dans son bureau, les salariés campés devant sa porte. Hier matin, un petit commando de l'intersyndicale avait commencé par «coincer» plusieurs membres du comité de direction, jusqu'à l'arrivée du gouverneur, vers 10h30. Meyssonnier a d'abord tenté de répondre aux questions d'une salle surchauffée. Rapidement, sous la pression, il avoue: «je suis contre le démantèlement» du Foncier - pourtant programmé par lui-même et le ministère de l'Economie.
La salle applaudit, les sifflets hurlent. Tour à tour, les différents intervenants d'une intersyndicale soudée demandent des précisions sur les démarches pour trouver un établissement auquel adosser le CFF. Pied à pied, le gouverneur explique que les propositions de reprise viennent de gens qui «veulent en fait liquider le Crédit foncier», qu'il cherche une voie vers une hypothétique autocapitalisation (sic), qu'il réclame du temps.
Le temps, Meyssonnier s'en est lui-même privé en affichant en 1995