La nuit n'est pas encore achevée que les salariés du Crédit foncier
de France (CFF) s'activent. Là, un homme harnaché comme un campeur de grande randonnée, sac sur le dos, traverse la cour. Ici, des femmes servent du café au litre avec des viennoiseries. Dans la grande salle aux colonnes de marbre, François Droulers, délégué CFDT, demande au micro «d'enlever les sacs de couchage, on va faire le ménage». Hier matin, au quatrième jour d'occupation de la banque, les salariés s'apprêtent à accueillir, comme promis, les clients. Le premier arrive à 8 h 30 précises, pas franchement de bonne humeur. «J'ai rendez-vous pour le prêt de ma maison, ça m'a l'air mal barré.» Inquiétude aussitôt dissipée, il est reçu avec même pas cinq minutes de retard. Plus tard, c'est une femme qui se présente: elle voudrait avoir accès à son coffre pour récupérer des biens. Pour éviter d'effrayer la clientèle, les salariés du CFF ont tiré l'énorme porte coupe-feu qui sépare le hall d'accueil de la salle où ils sont réunis. D'un côté, les chargés de clientèle reçoivent; de l'autre, la salle reprend à pleins poumons, dans une ambiance de liesse, les slogans du conflit: «retrait du plan Arthuis», «oui au logement social, non au démantèlement». Un homme tape sur un tambour dont la peau finit par se rompre. «Cette nuit, on a dansé jusqu'à deux heures du matin», confie une femme, chargée de la gestion des prêts. Au premier étage, Jérôme Meyssonnier, le gouverneur de la banque «retenu» depuis quatre jours, co