Lundi oblige: le gouverneur du Crédit foncier de France a troqué le
pull du week-end contre un plus traditionnel costume-cravate. Il reçoit dans son bureau, comme tous les jours, ou presque. Chaque visiteur doit décliner son identité avant de franchir l'antichambre et le bureau de sa secrétaire. Depuis vendredi matin, Jerôme Meyssonnier est «retenu» dans les locaux de la banque par des salariés en grève. Nuit et jour des équipes se relaient devant sa lourde porte bleue. «Retenu est le terme sur lequel nous nous sommes mis d'accord», précise-t-il, en glissant un coup d'oeil à l'un de ses gardiens. Excédée par la présence de tout ce petit monde qui piétine, Fabienne, la secrétaire, a fini par se retrancher dans le bureau de son patron. C'est Pascal, trésorier du comité d'entreprise et délégué CFDT, qui joue les huissiers. Il introduit les visiteurs, sollicite les interviews. «Il y a une dame du Washington Post qui voudrait vous voir...» «Le député Dominati, à 17 heures, c'est bon pour vous?» Passent également l'avocat de la direction, le comité exécutif, des journalistes. Un client, tout rouge, voudrait être reçu «en urgence». On l'oriente vers le service des contentieux. Il ne semble pas se rendre compte de ce qui se passe.
Sous les lambris de la grande pièce carrée qui sert de bureau à Jérôme Meysonnier, collé à la cheminée, un petit lit une personne, recouvert d'une couverture à carreaux, emprunté au service social. Denis Vilarrubla, secrétaire général et numéro 2 du CFF, a l