«Ce n'est pas une grève de privilégiés, assure Adelino, 43 ans,
conducteur à Transpole, la société de transports urbains de la métropole lilloise. Depuis vingt ans que je suis conducteur, je ne l'ai jamais fait dans d'aussi mauvaises conditions. Même si on n'ose pas trop se l'avouer entre nous, parfois on a peur.» Agressions verbales et parfois physiques sont quasi quotidiennes. «N'importe quoi peut être à l'origine d'une critique et, au pire, d'une insulte ou d'un coup. Si on prend un peu de retard pour attendre une personne âgée ou un enfant, certains passagers nous le reprochent, et si on ne le fait pas, on passe pour un malotru.» «Tous les chauffeurs ont un certain nombre de règles à faire respecter, par exemple sur la présentation du titre de transport, mais notre direction nous demande de ne plus rien dire par peur d'une agression. Tout semble autorisé. Il est arrivé plusieurs fois qu'on me dise: "Ecrase et conduis ton bus.» Alors, pour Adelino, demander la semaine de 35 heures et la retraite à 55 ans est amplement justifié: «J'ai l'impression parfois d'avoir un métier plus difficile que les routiers. Eux, ils transportent des marchandises; nous, on transporte des gens.» Des négociations sont en cours sur une semaine de 34 heures sans perte de salaire, la direction n'y semble pas opposée. «On est plus lucide sur la retraite à 55 ans. Je ne pense pas qu'on va l'obtenir aussi facilement..» Sa retraite, Adelino sait comment l'occuper: «J'ai un diplôme d'éducateur sport