Les grèves surprises, chez Air Inter Europe, sont désormais
possibles. Le tribunal de grande instance de Paris a jugé hier que le personnel de la compagnie aérienne n'était plus soumis à la contrainte du préavis de cinq jours jusqu'ici incontournable dans toutes les entreprises de service public. Pour une bonne raison: selon le tribunal, les «critères de fonctionnement» de l'ex-Air Inter «ne correspondent plus» à ceux... d'un service public. La compagnie est donc déboutée de sa demande: elle réclamait plus de 10 millions de francs de dommages-intérêts à cinq syndicats pour avoir déclenché, sans préavis, une grève le 12 septembre 1996. En neuf mois, quatre grèves «sauvages» se sont succèdées (les 28 juin, 4 juillet 12 septembre, 15 et 16 novembre, les deux premières ayant entraîné l'annulation de tous les vols par la direction). L'argument des syndicats a prévalu: il n'y a plus de monopole et l'Etat a lui-même mis fin aux exclusivités d'Air Inter sur plusieurs lignes. Pour les juges, les missions du transporteur «relèvent toutes d'une stratégie purement commerciale et économique, de rentabilité, et non du souci de maintien d'un service public». Donc, plus de préavis. Air Inter Europe fera comme dans le privé.
En réalité, les syndicats ont obtenu hier une victoire à la Pyrrhus. La direction de la compagnie ne fera d'ailleurs pas appel du jugement. «Au moins les choses sont claires, Air Inter Europe est maintenant une compagnie commes les autres. Cela ne justifiera plus de statu