Les patrons vont-ils devoir se promener dans leurs propres usines,
entourés d'«ombres» baraquées et équipées d'oreillettes? Pas un jour de la semaine dernière sans qu'un patron, un dirigeant d'entreprise, un directeur d'établissement aient été, ici ou là aux quatre coins de France, «séquestré», «retenu» ou «coincé» par ses salariés (voir encadré). Le CNPF commence à s'en inquiéter et déplore «qu'on renoue ainsi avec de mauvaises habitudes, qui s'étaient éloignées de la vie sociale depuis douze ou treize ans».
S'agit-il d'une petite contagion, après l'importante couverture médiatique accordée au «happening» vécu par Jérôme Meyssonnier, gouverneur du Crédit foncier de France? Les conflits sociaux prennent, ces derniers temps, un tour aigu, aux confins de la légalité. Quels points communs y a-t-il en effet entre les mineurs de la Cogema à Lodève (Hérault), les infirmiers de l'hôpital d'Alès (Gard), les ouvriers de la sucrerie d'Attigny (Ardennes), ceux de l'usine textile Cifran à Sciez (Haute-Savoie), les infirmiers de l'hôpital de Maison Blanche, les employés de gardiennage de SGI Surveillance ou les «cols blancs» du Crédit foncier, pour qu'ils soient allés jusqu'à tenir enfermés leurs dirigeants? Opération survie. Première observation, dans la plupart des cas, c'est la survie de l'entreprise elle-même qui est en jeu. Une situation extrême justifierait, en quelque sorte, une combativité extrême. Le personnel de l'hôpital psychiatrique de Maison Blanche, à Neuilly-sur-Marne, s'o