«Ne me demandez pas de faire des prévisions pour l'année prochaine,
j'ai déjà joué à ce jeu-là et je me suis planté. Je vais arrêter de jouer au con, autrement, je perds le conseil de surveillance.» Démissionné de son poste de PDG du Club Med, Serge Trigano hésitait hier entre autodérision et immense tristesse. Franchement digne, mais très blessé. Car les actionnaires du Club Méditerranée (essentiellement la famille Agnelli avec 12,9% du capital) ne veulent plus de lui. Déçus par les mauvaises performances du groupe, ils ont appelé à la rescousse le sauveteur d'Euro Disney, Philippe Bourguignon. Fin de l'ère Trigano. Le Club Med entre dans l'univers de la gestion musclée et de l'absence de sentiments.
Hier, à l'issue d'un conseil d'administration, le Club a annoncé des pertes historiques de 743 millions de francs (dont une provision de 600 millions de francs pour restructuration), qui servent essentiellement un plan drastique de redressement: fermeture de sept villages et transfert de quatre autres sites à sa filiale économique Club Aquarius. «Peut-être qu'on aurait dû fermer des villages plus vite. Il y a eu un décalage entre ce qu'on attendait de moi et ce que j'ai donné, avec mes forces et mes faiblesses», a confessé Serge Trigano, 50 ans. De toute évidence, cet homme-là a toujours été partagé entre la gestion pure et dure et la dimension affective qui le lie à l'entreprise fondée par son père Gilbert. S'il perd la responsabilité opérationnelle du groupe, Serge Trigano va