A quoi pense-t-il Serge Trigano depuis qu'il sait que le Club
Méditerranée ne sera jamais plus directement associé à son nom? A quelle explication se raccroche-t-il pour tenter de justifier ce qui au plus profond de lui restera toujours injustifiable: ne pas avoir su conserver cette entreprise de 8 milliards de francs de chiffre d'affaires fondée par son père il y a plus de quarante ans, et qui lui avait été léguée en 1993. Serge Trigano, fils «indigne» de Gilbert Trigano? Dans cet univers où l'esprit de famille prévaut en toutes circonstances, une telle pensée ne saurait effleurer son entourage. Personne n'y pense... sauf le principal intéressé, celui qui jusqu'à vendredi après-midi était PDG du Club Med. Le cadeau. Pas un jour, depuis ce mois de septembre 1993 où il s'est assis dans le fauteuil paternel à la présidence du Club, Serge Trigano n'a connu la véritable tranquillité de l'héritier, celle qui autorise le dauphin d'une entreprise à ne pas se méfier au jour le jour de ses actionnaires. En imposant Serge comme son successeur, Gilbert Trigano avait offert à son fils, le plus beau mais aussi le plus ingérable des cadeaux: un groupe international sans le capital. Comment être à la fois un manager sans action et le dépositaire d'une histoire?
La saga Trigano comporte tous les ingrédients de la magnifique histoire: un juif tunisien, gérant d'une entreprise familiale de tentes de camping à la fin des années 40, qui deviendra trente ans plus tard le leader incontesté du vil