Anita ne sait plus très bien sur quel pied danser. Licenciée de la Samaritaine en septembre 1993 après 28 ans de maison, au chômage depuis, elle vient à peine de faire le deuil du «boulot de sa vie». Et puis voilà qu’elle reçoit hier matin une lettre recommandée de son ex-employeur qui lui propose «de la reprendre dans la société dans son ancien emploi ou un nouvel emploi aussi proche que possible du précédent». «Je n’arrive pas bien à réaliser», explique -t-elle. Anita fait partie des fameux 108 réintégrables de la Samaritaine, dont on parle beaucoup depuis que la Cour de Cassation, il y quinze jours, a prononcé la nullité du plan social et estimé que puisque ce plan était défaillant, les licenciements qu’il avait entraînés devaient également être considérés comme nuls (Libération du 14 février)... Comme si les contrats de travail des licenciés étaient toujours en vigueur. Cet arrêt est venu mettre un terme à trois ans de procédure judiciaire, au cours desquelles ledit plan s’est vu annulé deux fois, pour insuffisance, et deux réintégrations ont pu être obtenues (voir encadré). Il a surtout mis la direction du magasin au pied du mur: fort de cette décision, ses ex-salariés pouvaient désormais aller individuellement aux prud’hommes réclamer leur réintégration et/ou le paiement des salaires qu’ils auraient dû percevoir depuis l’entrée en vigueur du plan social recalé. Elle a donc pris le parti d’obtempérer et a proposé d’elle-même des réintégrations.
Depuis, tout le monde s’