Il est le Robin des Bois des quartiers Nord de Marseille, le chef de
file d'une armée d'exclus engagée depuis bientôt dix ans dans une guérilla pacifique contre les expulsions, les saisies immobilières, les coupures d'eau et d'électricité, les suppressions d'allocation" Charles Hoareau, 43 ans, secrétaire général du Comité chômeurs CGT et Bouches-du-Rhône, avoue mener ce combat contre la misère et l'ordre établi par «devoir d'humanité». Un devoir qui le conduira ce matin devant le tribunal correctionnel de Marseille, pour «violence à agent de la force publique». Le 13 décembre, une réunion du Comité chômeurs des Bouches-du-Rhône doit se tenir à l'Union départementale CGT, près de la gare Saint-Charles, en plein centre de Marseille. Sur le trottoir, un policier en civil surveille les militants cégétistes qui arrivent pas petits groupes. Charles Hoareau connaît le fonctionnaire. Dès qu'il l'aperçoit, il se dirige vers lui. Dans les secondes qui suivent, le policier tombe à terre. «C'est Charles Hoareau qui l'a bousculé», témoignera un fonctionnaire de la brigade des stups qui passait par là en voiture. «Il a glissé tout seul sur le bord du trottoir, affirmera pour sa part le syndicaliste, je l'ai même aidé à se relever. Il m'a dit qu'il allait bien.»
Au cours de la réunion à laquelle Charles Hoareau participera malgré tout, un des policiers téléphonera au siège de la CGT des Bouches-du-Rhône. «Ils nous ont dit, soit Hoareau s'excuse, soit on le coffre», assurent les syndicalis