«L'entrée par les pièces détachées, c'est le piquet que personne ne
veut garder. Mais il faut bien le faire.» Sur l'immense parking désert, Jan fait brûler quelques cageots pour se tenir chaud. Il est 22 heures mercredi et, à Vilvorde, c'est l'heure de la relève pour les piquets de grève. Un passage de relais semblable à des horaires de travail des 3-8 à attendre et à filtrer. Et la nuit, il n'y a pas grand monde à filtrer. La voiture qui s'arrête près des grilles n'inquiète pas Yan, bien au contraire. «C'est pas Schweitzer, c'est des amis»; deux hommes qui déchargent des cartons de bière envoyés par les brasseurs de Grimbergen, dont l'abbaye est à cinq kilomètres de là. «Les gens sont solidaires. Ils nous aident, mais je ne sais jusque où ils sont prêts à aller», explique Yan. Une solidarité exprimée, mais pas toujours suivie de faits. Toute la soirée de mercredi, l'intersyndicale a tenté de mettre sur pied la grande manifestation d'aujourd'hui. Elle devait rassembler toute l'industrie automobile belge, 40 000 personnes de Renault, bien sûr, mais également de Volvo, Opel et Ford. Las, les collègues des autres marques débrayeront tout juste une heure, en cette fin de semaine. «C'est normal, c'est des Flamands, explique le patron, francophone, de ce café tout proche en fermant sa porte jusqu'au lendemain. Et d'ajouter: «Je ferai comme eux, vendredi, en signe de solidarité, j'ouvrirai un peu plus tard, ça me donnera bonne conscience comme à tout le monde. Ici les gens sont tra