Au lendemain de l'entrevue ratée avec leur PDG Louis Schweitzer, les
ouvriers de Renault-Vilvorde sont plus que jamais déterminés. De Lille à Boulogne-Billancourt, de Flins aux Champs-Elysées, ils étaient partout, hier, pour manifester leur colère. Ils bloquent les dépôts de Renault neuves, et n'hésitent pas à se défendre quans les forces de l'ordre tentent de les circonscrire. Récit d'une journée.
Wavrin (Nord). En deux vagues successives, ils investissent le parc de stockage d'automobiles de Wavrin, près de Lille. A 11 heures, 400 salariés partis le matin de Vilvorde à bord de huit bus débarquent. A 13 heures, six autres autocars, avec 250 salariés, les rejoignent. Sur ce parking, 9 000 véhicules Ford et Opel en provenance de Grande-Bretagne, et plus de 3 000 Renault à destination du marché belge, attendent d'être livrés. Celui de Belgique, avec ses 4 000 voitures, est déjà occupé par les grévistes. Mais à Wavrin, les forces de l'ordre sont également au rendez-vous. Un escadron de la gendarmerie bloque l'accès aux voitures Renault. Les manifestants belges se précipitent alors vers les parkingsde la société Normanche où sont entreposées les marques étrangères. Débordées, les forces de l'ordre ne peuvent les empêcher d'enjamber les grillages. Les insultes et les coups partent. Karel Gacoms, le permanent du syndicat FGTB (socialiste), peine à calmer ses troupes: «Nous ne sommes pas ici pour détruire ces véhicules. Nous occupons les lieux, cela suffit.». Le commandant de l'esc