On nous ment.» L'accusation fuse le long du cortège parisien des
internes: la convention médicale signée le 12 mars ne serait qu'un plan de rationnement des soins qui n'ose pas dire son nom. On nous spolie, aussi. Cette fois, les jeunes internes, futurs médecins libéraux, sont moins affirmatifs dans leurs slogans: ce rationnement, contre lequel ils défilaient hier, signifie un frein à leur futur chiffre d'affaires.
Ils étaient environ 4 000 à Paris, 2 000 à Lyon, 1 000 à Marseille. Tous protestant contre cet ultime déroulement du plan Juppé: une sanction financière contre les médecins en cas de dépassement du plafond de dépenses médicales fixé par les députés. Nos internes se veulent idéalistes, uniquement préoccupés par la défense de la «qualité des soins».
«Cinq heures pour s'expliquer». François, interne à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), est prêt à tout pour plaider sa bonne foi. «On vous jure qu'il s'agit d'un rationnement masqué. S'il le faut, je peux prendre cinq heures pour vous l'expliquer dans le détail.» Qu'on se le dise, François est totalement désintéressé. «Ma discipline, la dermatologie, ne coûte pas très cher: personnellement, je n'ai pas grand-chose à redouter d'un rationnement des dépenses. Je me bat pour l'ensemble de la médecine.»
Le problème, selon lui, c'est que Juppé n'assume pas. «Il ne veut pas prendre la responsabilité d'instaurer le rationnement des dépenses de santé, qui est contraire aux promesses électorales de Chirac. Alors il se défausse sur les