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Libération

Le contrat de progrès grippe les transports LohéacDepuis l'accord de 1994, c'est la guerre sociale dans l'entreprise normande.

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publié le 31 mars 1997 à 22h26

Rouen correspondance

Au milieu, le ruban bitumé d'une départementale: d'un côté, des camions-citernes, des hangars, des bureaux. En face, des pavillons mitoyens avec jardinet. A peine leur 40 tonnes parqué, les chauffeurs n'ont qu'à traverser pour rentrer chez eux. C'est la cité Lohéac, à Grand-Couronne, près de Rouen. Du nom du patron de cette grosse entreprise de transports, Antoine Lohéac, 88 ans. Jusqu'à la signature du «contrat de progrès», ce patriarche infatigable régentait sans problème 450 salariés, 800 tracteurs et citernes, et 1 000 pavillons. Depuis, des conflits enrayent les rouages. La CFDT invoque des licenciements abusifs et réclame l'application des accords nationaux. Lohéac assigne trente-deux salariés aux prud'hommes.

Des camions bricolés maison. Son premier camion, ce Breton l'a acheté en 1935, à 26 ans, pour transporter aussi bien du mâchefer pour la construction d'un stade municipal que des pommes de terre entre Cancale et Rouen. 1938: second camion et premier chauffeur. Ensuite, Antoine Lohéac acquiert le matériel abandonné, en 1945, par les Américains, jusqu'à 450 tracteurs qu'il bricolera. Une habitude qu'il n'a jamais perdue: tous ses camions sont bricolés maison, à partir de poids lourds de marque. Pour le transport de bitume, de gaz, de fuel ou de produits chimiques.

Aujourd'hui, l'entreprise s'étend sur plusieurs sites normands, et son chiffre d'affaires s'élève à 200 millions. Au transport et au levage s'est joint l'immobilier: Antoine Lohéac édifi