Vilvorde envoyée spéciale.
Les vingt-quatre isoloirs sont vides, les six bureaux de vote fermés. Les urnes ont été scellées de cire, puis leur contenu dépouillé, dans une pièce à part, au fond de l'usine. Sur les 3 100 salariés de Renault-Vilvorde, en grève pour la sixième semaine, 2 721 ouvriers et employés ont voté, hier matin, durant plus de cinq heures, à l'exception des cadres. Mais au bout du compte, le résultat final ne satisfait personne. A la question «Etes-vous d'accord pour reprendre le travail le lundi 14 avril», 68,7% ont répondu oui contre 31,3% de non. Leaders inquiets. Les syndicats, qui avaient tous appelé à la reprise, font la grimace. Avec les jugements de Bruxelles et de Nanterre, qui ont condamné Renault à revoir la procédure de fermeture de l'usine, ils s'attendaient à une très forte majorité de oui. Pour eux, le score d'hier est un demi-succès. Le compromis proposé le retour dans les ateliers, tout en conservant le stock de voitures gardé par des piquets de grève , qui figurait sur les bulletins, a été balayé par un tiers des salariés. Ceux-là préfèrent la grève, totale. «Ça signifie que, dans les heures suivant la réouverture de l'usine, tout peut s'arrêter de nouveau», s'angoisse un ouvrier. «La minorité doit se plier à la majorité», réplique Georges Jacquemin, secrétaire fédéral de la CSC (syndicat chrétien). «Cela ne sera pas facile», soupire Karel Gacoms, leader de la FGTB (syndicat socialiste).
A 5h45, les premiers votants, munis de leur badge