Lordat envoyé spécial.
«Elles montent vers les estives.» Jumelles aux yeux, José Barbosa surveille ses 250 brebis qui paissent sur les contreforts pyrénéens. A un jet de pierre du lieu-dit Berbescou (Ariège), les ruines du château cathare de Lordat semblent plier sous les assauts du vent du sud. Au-dessus des plateaux rocheux blanchis par les merisiers en fleurs, la neige n'a pas encore fondu sur le pic de Saint-Barthélemy. «Si c'est pas le bonheur, ça lui ressemble drôlement», sourit le berger en balayant d'un mouvement de bras le somptueux panoramique dont il jouit sur la vallée d'Ax.
Fuir la grisaille. José Barbosa, sa femme et ses 4 enfants se sont installés il y a douze ans dans le village de Lordat (40 habitants), à une trentaine de kilomètres d'Andorre et de l'Espagne. A l'époque, ni les syndicats agricoles, ni les pouvoirs publics n'expriment comme aujourd'hui la nécessité d'«occuper l'ensemble du territoire». Seuls quelques «néoruraux» vivotent en zones défavorisées. José Barbosa débarque, lui, avec un vrai projet agricole: constituer un troupeau ovin puis bovin-viande (il possède également 40 grises de Gascogne), défricher les 600 hectares municipaux et" vivre de son exploitation.
«Je souhaitais revenir vers le Sud et j'avais envie de nature et d'indépendance!», souligne-t-il en évoquant la tristesse des hauts fourneaux et de la grisaille qu'il a supportée jusqu'à l'âge de 24 ans dans le bassin lorrain. Son père avait quitté son Portugal natal pour travailler dans la