Vilvorde, envoyée spéciale.
Les tracts épinglés à la porte d'entrée de l'usine n'ont pas été enlevés. Après six semaines de grève, la journée d'hier devait être celle de la reprise du travail chez Renault, à Vilvorde. En réalité, le décor a peu changé: à peine démarrées, les chaînes de montage se sont aussitôt grippées. A 5h45, les ouvriers de la première équipe se sont bien présentés à leurs postes, revêtus de la tenue jaune et grise du constructeur. Mais très vite, plusieurs ateliers se sont arrêtés: la peinture, puis le câblage, entraînant les autres. «L'absentéisme est normal pour un lundi matin et ne dépasse pas 7 à 8%. Une centaine de personnes seulement refusent de travailler», tentait de se rassurer Georges Jacquemijn, représentant du syndicat chrétien CSC. Toute la journée, les leaders syndicaux ont parcouru les ateliers pour convaincre le personnel de reprendre le travail, «le temps de poursuivre les négociations». Tant bien que mal, 120 voitures ont donc été produites le matin sur les 350 escomptées. Dans l'après-midi, plusieurs camions sont venus chercher les Mégane pour les livrer à Douai et à Wavrin, sous l'oeil vigilant des soixante salariés du piquet de grève qui gardent toujours un stock de 4 000 voitures, selon un accord passé entre direction et syndicats. Puis tout s'est dégradé au changement d'équipe, à 14h45. Les uns sortent et racontent: «On a passé notre temps à discuter et à s'engueuler entre nous.» Les autres rentrent «à contre-coeur». «C'est pa