Changement de culture et de ton chez Pechiney. Désormais, le groupe
français d'aluminium et d'emballage, qui a prévu de longue date une restructuration sans précédent via le plan d'économies «Challenge», ne parle plus de «suppressions d'emploi» mais de «licenciements». Cette évolution sémantique s'est produite hier, au Brésil. En inaugurant une nouvelle usine de boîtes-boissons à Extrema, dans la région de Minas Girais, Jean-Pierre Rodier, le Pdg, cité par l'AFP, a précisé durement les choses: «Dans la culture du groupe, nous ne devons pas avoir peur du mot licenciement.» Présenté le 19 septembre 1996, Challenge doit permettre de réduire les dépenses de 4 milliards de francs, soit 20% de ses coûts, d'ici 1998. Au passage, 5 000 emplois (dont 2 700 en France) disparaîtront, sur un effectif total de 37 200 salariés. La fonderie d'alliages d'aluminium de Rioupéroux (Isère) sera fermée et le site de La Batie, près d'Albertville (Savoie), durement touché. Depuis cette annonce, qualifiée d'«inacceptable» par les syndicats, rien ne s'était encore produit. Vendredi, Jean-Pierre Rodier a révélé que les premiers licenciements, en France, auraient lieu en juin. Grâce à toute une panoplie de mesures sociales (préretraites, temps partiel, réduction du temps de travail"), les licenciements «secs» devraient être évités. Pour 500 d'entre eux, il faudra cependant recourir aux reclassements. Pour mener à bien Challenge, le groupe, privatisé en 1995, n'a pas hésité à charger la barque. Sur