Caracas de notre correspondant.
L'homme est truculent. Il a du bagout, sourit de toutes ses dents en or et s'étonne que la presse internationale ne commence que maintenant à s'intéresser à lui, alors que depuis deux ans déjà il est le «banquier» de Paramaribo, la capitale du Surinam, un petit pays de 400 000 habitants adossé à la Guyane française. Roepsing Ramtashising est son nom. Mais tous ses clients ne le connaissent que sous le diminutif de «Roep», qui claque comme un billet de 100 dollars et désigne sa société financière. Il a été successivement épicier et quincaillier avant de se lancer dans le business du billet de banque en gros, avec des arguments susceptibles d'attirer le chaland le moins motivé.
L'exemple albanais. «Quand les banques locales "normales offrent un taux d'intérêt de 17%, Roep, lui, propose un rendement de 120% à l'année. Et le plus extraordinaire, c'est qu'apparemment, jusqu'à présent, il a tenu ses engagements», raconte, mi-amusé mi-inquiet, un diplomate européen qui redoute cependant que le miracle ne vire très vite au cauchemar, comme en Albanie où les échafaudages financiers montés par des Roep locaux ont entraîné le pays dans le chaos. La mécanique Roep repose sur le même système que celui des «financiers» de Tirana: la pyramide, ou Ponzi. C'est l'argent des nouveaux déposants qui permet de financer le règlement des intérêts des épargnants précédents. «Il suffit qu'un nombre important de clients décident de retirer d'un seul coup et en même te