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Libération

«Mais pourquoi ont-ils chargé?» Les ouvriers de Vilvorde ont envahi hier la mairie de Lille. Les CRS les ont expulsés.

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par Isabelle MANDRAUD et Agnès LAURENT
publié le 25 avril 1997 à 0h22

«Je suis ici pour vous accueillir au nom de Pierre Mauroy...»

Bernard Masset, le directeur de cabinet du sénateur-maire de Lille n'a pas le temps d'achever sa phrase. Les CRS ont chargé. En quelques secondes, le hall de la mairie, où se sont entassés près de 200 ouvriers de Renault-Vilvorde, se transforme en champ de bataille. Les coups de matraque pleuvent. Hier, les belges avaient rendez-vous avec la fédération socialiste du Nord, pour porter un message à Lionel Jospin dans l'espoir de ne pas être oubliés dans la campagne électorale qui démarre en France. «Le 16 mars, Jospin était avec nous dans les rues de Bruxelles pour manifester son soutien après l'annonce de la fermeture de Renault-Vilvorde. Nous allons lui demander ce qu'il compte faire s'il gagne les élections», annonçait le matin, à l'usine, Karel Gacoms, leader du syndicat FGTB (socialisant). A 9h30, quatre bus quittaient donc Vilvorde pour Lille. Mais au lieu de se diriger vers le siège de la fédération du PS, les manifestants se sont présentés à la mairie. A midi, furieux de trouver portes closes, les Vilvorde brisent les vitres et pénètrent en force dans l'hôtel de ville. Ils investissent le hall et font éclater, dans un vacarme étourdissant, des dizaines de pétards. Bernard Masset se porte à la rencontre des délégués syndicaux qui entreprennent de lui lire la «lettre ouverte à M. Jospin». Personne ne s'est rendu compte de l'arrivée des forces de l'ordre qui chargent brutalement dans le dos des manifestants.