Quelque chose a changé au royaume de Bouygues. C'est avec un accent
de vérité qu'au troisième étage du siège imposant de Saint-Quentin-en-Yvelines, là où se déroule la cérémonie annuelle de la présentation des comptes du groupe, Martin Bouygues a expliqué hier ce que fut pour lui l'échec industriel de l'année: l'attribution du réseau télécom de la SNCF à son concurrent, la Compagnie générale des eaux. «Cette affaire nous oblige à réviser notre stratégie en matière de télécommunications», a indiqué le maître des lieux. «Mais ce qui constitue un handicap n'est pas rédhibitoire et celui qui ne contrôlera pas le réseau SNCF au 1er janvier 1998 (jour J de la libéralisation des télécoms, ndlr) n'est pas mort.» Sonné par ce revers industriel, le PDG n'a pas été requinqué par ce début d'année 1997, marqué par sa seconde mise en examen (ainsi que celle de Patrick Le Lay, le PDG de TF1) pour abus de biens sociaux. Mais hier, le PDG ne voulait montrer ni affliction, ni déception. On était donc dans le «parler-vrai», façon Bouygues. Ainsi, la bonne nouvelle du retour aux bénéfices du groupe en 1996 (654 millions de francs contre une perte de 2,912 milliards de francs l'an dernier) ne s'est pas accompagnée d'un hymne à la gloire de la maison, mais plutôt d'une analyse très détaillée de la structure d'activité.
Le bâtiment leader. Le BTP d'abord, qui fit la fortune du groupe créé par Francis Bouygues. Là où tous les grands groupes de services annoncent une réduction d'activité dans ce se